01 – Histoire de la dette française et européenne

par pourunmondelibre

Jusqu’à la fin du vingtième siècle, la monnaie française était produite par l’Etat, grâce à la banque de France qu’il possédait. L’Etat avait alors tout contrôle quant à la quantité de monnaie en circulation dans le pays. La valeur de la monnaie c’est-à-dire le taux de change par rapport aux autres pays était quant à elle fixée par la quantité de richesse réelle que possédait l’Etat. Cette richesse est constituée principalement d’or et de métaux précieux. En cas de crise économique grave, le gouvernement pouvait décider de créer de la monnaie supplémentaire, aux format électronique ou papier. Cette décision entrainait forcément une dévaluation de la monnaie vis-à-vis des pays extérieurs, mais l’inflation quant à elle n’était pas inévitable. Si l’argent créé était utilisé pour construire des infrastructures durables qui rapportent sur le long terme, alors la quantité de monnaie supplémentaire pouvait être retirée de la circulation progressivement, en prélevant sur les bénéfices réalisés. Au bout d’un certain temps, la quantité de monnaie revenait donc à son niveau initial.

Le 3 janvier 1973, une loi autorisant la banque de France à contrôler elle seule l’émission de sa monnaie fut promulguée par le gouvernement. L’Etat ne pouvant plus créer de l’argent par l’intermédiaire de la banque de France fut dès lors contraint de se tourner vers les banques et entreprises privées. D’où l’expression « emprunter sur les marchés financiers ». C’est-à-dire que l’Etat emprunte son propre argent et paye des intérêts sur ses emprunts, alors qu’il avait jusqu’en 1973 la possibilité de réguler lui même la quantité de monnaie en circulation. Nous avons donc abandonné le risque d’inflation au détriment du risque d’endettement et ce, au profit des banques privées qui sont maintenant bénéficiaires des intérêts versés par l’Etat. Ce dernier étant financé par nos impôts et les taxes, c’est nous qui payons les intérêts aux banques.

C’est intéressant de constater que George Pompidou, le président de la République française de l’époque a, avant son mandat à la tête du pays, travaillé à de nombreuses reprises pour la banque Rothschild. Durant cette période, il occupa divers postes alternativement entre le gouvernement et la haute administration de la banque. En 1959, il siégeait à la fois en tant que directeur général de la banque Rothschild et également au Conseil constitutionnel. Nous sommes alors en droit de nous demander si c’est le gouvernement qui a le pouvoir sur la banque ou l’inverse.

L’acceptation de cette réforme répondra non seulement à cette question, mais montre également que M. Pompidou a continué d’oeuvrer pour les intérêts de la famille Rothschild, bien après la cessation de ses fonctions dans leurs établissements bancaires.

Malgré cela, nous ne pouvons pas imputer l’entière responsabilité de M. Pompidou dans cette aberration, car l’auteur original du projet de loi n’est autre que Monsieur Valéry Giscard D’Estaing, alors ministre de l’Économie et des Finances. Je reviendrai plus tard sur les intérêts que M. Giscard D’Estaing servait lors de cette proposition. Cette loi numéro 73-7 du 3 janvier 1973 fut reprise par l’article numéro 104 du traité de Maastricht, l’étendant ainsi à l’ensemble de l’Union européenne. Puis enfin, cette loi entre dans la constitution européenne en 2008, grâce à l’article 123 du traité de Lisbonne. En d’autres termes, la constitution européenne de 2005 refusée par 55% des Français lors du référendum, est adoptée sous la forme du traité de Lisbonne par M. Sarkozy en 2008, qui de cette manière s’assoit sur toutes les notions de démocratie qu’il est censé représenter.

Mais quelles sont les conséquences précises de la loi de 1973, plus couramment appelée : loi Pompidou Rothschild ?

Avant 1973, lorsque le trésor public manquait de fonds, la banque de France créait de la monnaie pour le compte de l’Etat et sans intérêts. L’Etat était alors très peu endetté et le peu de dettes sur lesquelles la France payait des intérêts était détenu par des pays étrangers, notamment les États-Unis. À partir de 1973, le trésor public fut contraint d’emprunter de l’argent aux banques privées et par conséquent, de payer des intérêts. C’est ainsi que virent le jour en 1985 les Obligations Assimilables au Trésor, ou OAT. Le fonctionnement de ces obligations est simple et peut être comparé aux actions en bourses d’une entreprise. N’importe quelle organisation ou institution privée peut acheter des OAT pour en échange bénéficier des intérêts que l’Etat lui paye. Ces intérêts sont comparables aux dividendes versés par une entreprise à ses actionnaires, mis à part que dans une entreprise les dividendes augmentent avec les recettes de celle-ci, alors qu’avec les OAT, les intérêts augmentent à mesure que la santé financière de l’Etat se dégrade. Ces taux d’intérêt sont calculés par des institutions dont nous entendons beaucoup parler ces derniers temps, mais qui existaient depuis bien plus longtemps. Il s’agit des agences de notations. Ces agences examinent (en théorie…) les dépenses et recettes de l’Etat pour ensuite juger s’il est risqué ou non d’acheter des titres de dette de cet Etat. Elles donnent ensuite une appréciation sous forme de note, la meilleure étant « AAA ». Dans le cas d’une mauvaise appréciation par les agences de notations, les investisseurs savent lors de l’achat d’OAT qu’il existe un risque plus élevé de ne pas pouvoir revendre ces obligations en temps voulu. Les intérêts sont donc plus élevés, proportionnellement au risque pris lors de l’achat. Ce fonctionnement est tout à fait logique du point de vue de l’actionnaire, mais il l’est beaucoup moins pour tous les citoyens qui paient de leurs impôts ces intérêts sans cesse grandissants.

Mais alors qui détient la dette ?

Toute personne, organisme ou institution détenteur d’Obligations Assimilables au Trésor, possède de ce fait une partie de la dette française. Une étude réalisée par le journal Le Monde dans son édition du jeudi 23 juin 2011 montre en page 16 que les trois plus gros détenteurs de la dette française sont : le Luxembourg, les iles Caïman et le Royaume-Uni. En clair, la majorité de la dette française est détenue par des paradis fiscaux ! De cette manière, il est impossible de connaitre l’investisseur réel, tant que celui-ci investit par l’intermédiaire d’un compte placé dans un de ces trois pays. De plus, sachant qu’actuellement la dette est tellement élevée que la France ne parvient même pas à rembourser l’intégralité des intérêts, il est purement et simplement impossible de rembourser la dette. À partir du moment où l’Etat français emprunte sans cesse pour ne rembourser que les intérêts de sa propre dette, celle-ci ne peut qu’augmenter puisque les nouveaux emprunts génèrent de nouveaux intérêts et ainsi de suite, tout en ne réduisant pas le capital de la dette originale. Le seul avantage de cette démarche est de repousser la date d’échéance du paiement, en remboursant les anciens prêts avec l’argent emprunté de nouveau. Dans la langur française, il me semble que nous appelons cela : « reculer pour mieux sauter »…

Prenons un exemple abstrait, pour un pays endetté à hauteur de 100% de son PIB et payant des intérêts à 3% sur sa dette. À la fin de l’année en cours, l’endettement sera donc de 103% du PIB. Pour ne rembourser que les intérêts de l’année en cours, le pays devra faire au moins 3% de croissance afin de rester à un endettement égal à la valeur du PIB. Quel pays d’Europe peut encore prétendre faire 3% de croissance ? Qu’en est il d’un pays comme la Grèce qui est endettée à 150% du PIB et qui paye des intérêts à plus de 20% ! ?

Est-ce que vous commencez à voir la supercherie abjecte dont nous sommes de plus en plus victimes chaque jour ? Où pensez-vous que va votre argent lorsque vous payez vos impôts ou la TVA ? Pensez-vous qu’il est utilisé pour les dépenses publiques tel que l’éducation, la santé ou la recherche ?

Maintenant vous savez ! Vous savez pourquoi les centres de soins publics manquent cruellement de personnel et de matériel. Vous comprenez le but de la politique abrutissante de M. Sarkozy qui consiste à supprimer des postes d’enseignement en masse, réduisant ainsi considérablement la qualité de l’enseignement français. Au lieu de financer toutes ces choses et participer ainsi au développement de la nation, vos impôts, taxes et autres sont utilisés pour payer des intérêts qui n’auraient jamais existé sans la trahison de M. Pompidou et M. Giscard D’Estaing le 3 janvier 1973.

L’ironie du sort, si tenté que nous puissions y déceler quelque chose d’ironique, c’est que vos impôts sont utilisés pour rémunérer des personnes ou des sociétés qui de leurs côtés ne payent pas d’impôts grâce aux paradis fiscaux ! Si on considère également le fait que la majorité des ventes d’armes, de drogues, de contrebande et j’en passe, sont financées par des comptes originaires des paradis fiscaux, je suppose que personne ne voudrait réellement savoir à quoi est utilisé son argent. Cette aberration prend d’autant plus son sens si on tient compte du fait que TOUTES les grandes banques et entreprises privées possèdent des comptes exempts de taxes dans ces paradis fiscaux. Ces mêmes grandes entreprises privées qui reçoivent des subventions de l’État alors qu’elles ne lui payent pas la totalité des impôts qu’elles devraient. Ces mêmes grandes banques privées qui bénéficient des plans de sauvetage des gouvernements sous prétexte de leur éviter la faillite. Elles n’ont en réalité nul besoin d’être renflouées, mais utilisent les plans de sauvetage pour s’enrichir et verser davantage de dividendes à leurs actionnaires. Regardez les actionnaires des entreprises du CAC 40, alors que le chômage sévit partout en Europe, leurs dividendes ont encore augmenté de presque 14% pour cette année 2011 ! Ce qui représente tout de même, excusez-moi du peu : 39,8 milliards en 2011 contre 35 milliards en 2010 et je ne parle que des dividendes versés aux actionnaires, les salaires des patrons des entreprises du CAC 40 ont, quant à eux, augmenté de 34% en 2011 ! De qui se moque-t’on ? !

Maintenant, imaginez un instant que les agences de notation, celleS-là même qui décident du taux d’intérêt de la dette, soient financées et contrôlées par les mêmes grandes banques et entreprises privées qui bénéficient directement des intérêts… Les dirigeants communs auraient alors la liberté d’aggraver la crise abaissant la note d’un pays pour ensuite racheter les entreprises dont les propriétaires sont en défaut de paiement. Le plus astucieux, c’est que lorsqu’une banque saisit les biens immobiliers d’une personne ne pouvant plus rembourser son emprunt, cela ne lui évite pas de toucher les sommes colossales versées lors des plans de sauvetage.

Pour résumer, les banques sont donc bénéficiaires des taux plus élevés que les Etats leur versent, alors que ces mêmes banques, qui elles empruntent à la BCE ou à la FED, paient des intérêts de seulement 1%, parfois beaucoup moins ! Elles bénéficient également de tous les biens matériels et immobiliers dont les propriétaires ne peuvent plus s’affranchir de leurs emprunts (maisons, PME, centres médicaux privés, etc.). Sans oublier les plans de sauvetage offerts par l’Etat. Comprenez-vous maintenant l’absurdité du système dans lequel nous vivons ? Je pense que vous commencez à entrevoir son fonctionnement. Cependant, pour comprendre réellement l’origine du problème ainsi que les personnes qui y contribuent consciemment, il nous faut une fois de plus remonter plus tôt dans l’histoire, mais cette fois-ci du côté des Etats Unis et du dollar.